Avant de profiter d’une retraite bien méritée, Patrick Pervis, éleveur de bovins et spécialiste de la Linette, se lance un dernier défi : l’agroforesterie.
Depuis sa Mayenne natale, à Villiers-Charlemagne, entre Laval et Château-Gontier, Patrick Pervis va sur ses 67 ans et « prépare les valises de sa retraite » : départ prévu le 1ᵉʳ mars 2021. Mais si la date est connue et bien cochée dans son agenda, ce fils d’éleveurs de porcs et de vaches laitières a « du mal à se transposer » et avoue « avoir encore la tête à l’agriculture ». Quoi de plus normal pour celui qui vient de passer plus de quarante ans à élever des bovins. « Je suis 100 % éleveur. Je n’ai jamais labouré, semé ou paillé. J’avais de l’herbe, mais le reste, je le faisais faire part d’autres. Je n’ai jamais su faire autre chose qu’éleveur ! »
Lui qui a commencé avec 350 couples de pigeons qu’il vendait en direct sur les marchés, estime que l’agriculture a été « une passion sans être forcément une réussite ». Coup dur ou burn-out, l’éleveur mayennais n’a jamais baissé les bras pour autant, et a toujours gardé une ligne de conduite exemplaire. « J’ai adhéré à Bleu-Blanc-Cœur dès le début des années 2000. J’étais convaincu par leur discours, car j’étais d’accord sur le fait d’écarter le maïs et le soja de l’alimentation des animaux, pour les remplacer par de la luzerne et du lin. Ça me parlait puisque j’appliquais déjà ces procédés ! Bleu-Blanc-Cœur est la seule démarche agricole qui a une obligation de moyens et de résultats. Tous les ans, j’envoyais des échantillons pour confirmer le bon profil lipidique (ratio équilibré en Oméga 6 et Oméga 3) de la viande que je produisais. Et c’est ce suivi qui fait la différence. Selon moi, ce que met en place Bleu-Blanc-Cœur, c’est une façon de vivre, un schéma éducatif. »
Ce père de trois enfants – les deux aînés sont diplômés Bac+8 et « le petit dernier » est sextuple champion du monde de cyclisme sur piste et soutenu par Bleu-Blanc-Cœur depuis ses débuts – est devenu au fil du temps un incollable dans le domaine du lin. « J’ai vendu de la Linette pendant dix ans en complément de ma viande. » Diagnostiqué diabétique, Patrick Pervis a étudié en profondeur les bienfaits de la Linette (mélange de farine de graines de lin cuites et broyées, et de blé) sur son organisme. La fluidification du sang, les effets sur la glycémie notamment. La réduction des risques de problèmes cardiaques, la stabilisation de la tension et la lutte contre le cholestérol aussi. « Tous les matins, je mettais dix grammes de Linette dans mon chocolat chaud. J’en ajoutais aussi dans la pâte à tarte, comme on met un peu de sel et de poivre dans la cuisine ! »
Après s’être séparé de son dernier lot de vaches en 2020, Patrick Pervis pensait s’orienter tranquillement vers ses futurs projets de retraité. Mais, c’était sans compter sur une dernière idée, soufflée par les récents voyages de ses fils en Asie. « J’ai un projet d’installation hors-normes. Je souhaite mettre la ferme au nom de mon dernier fils, pour que les terres continuent d’être occupées. Il s’agit d’un projet d’agroforesterie que j’ai commencé avant l’été. J’ai planté mes premiers arbres en juin dernier. » Miscanthus ou Roseaux de Chine, Paulownia « connu pour être l’arbre qui pousse le plus vite au monde et qui n’est jamais attaqué par les insectes », Bambous, etc. Un challenge de plus, avant une retraite initialement prévue les pieds dans l’eau, qui commencera vraisemblablement au milieu des bois.