Eleveurs-producteurs-agriculteurs
110 Bourgogne
PRODUCTION

Laurent Amelin

Localisation : Noyers-sur-Serein (89)
Animaux :

Sur les plateaux de Bourgogne, voilà 33 ans que Laurent Amelin cultive la terre et les plantes. Depuis quelques années, des fleurs de lin inondent ses champs.

Agriculteur depuis toujours – « mes parents avaient une ferme de vaches laitières » – et coopérateur dans l’âme – « tout seul, on est foutu » -, Laurent Amelin veille sur 175 hectares de culture, parsemés autour de Noyers-sur-Serein, un petit village médiéval du département de l’Yonne. Il y a cinq ans, il a remplacé le colza qui occupait en partie ses champs par du lin. « Avec les étés qui deviennent de plus en plus chauds et les altises qui résistent à tout, c’est désormais compliqué de faire pousser du colza sur les plateaux. » C’est sa coopérative, 110 Bourgogne, qui le met en relation avec Bleu-Blanc-Cœur et la coopérative Lin 2000, afin de lui apporter d’autres perspectives de débouchés. Le lin est une plante qu’il lui est alors complètement inconnue, mais peu importe : « Quand on est agriculteur, soit on évolue, soit on est mort ».

Après de nombreuses réunions techniques et une douzaine d’hectares lancés en test, il se convertit donc au lin. La filière lui permet de garantir des prix, qui, contrairement à ceux du blé par exemple, ne fluctuent pas avec le marché. Et les échanges avec Bleu-Blanc-Cœur le convainquent des vertus de cette nouvelle culture, tant pour l’homme que pour la terre. Dehors, le bleu remplace alors le jaune et doucement, Laurent Amelin apprivoise la plante. « Avec le lin, il ne faut pas aller plus vite que la musique. » Prendre le temps d’aller à sa rencontre, observer et écouter, pour mieux comprendre ses besoins. « J’ai toujours une loupe dans mon tracteur, c’est important d’être dans le champ, de regarder ce qu’il s’y passe avant de faire quoi que ce soit. » Souvent, les gens viennent à sa rencontre pour lui demander quelle est cette jolie petite fleur, presque violette. « Je suis toujours content de répondre aux questions. Avec le soutien de Lin 2000 et de Bleu-Blanc-Cœur, je me sens plus fort, je sais que je fais partie d’un système respectueux. »

Sur son téléphone, il garde de nombreux articles pour apporter les preuves de son discours. Parfois, il se lasse de lutter contre l’image et les raccourcis que la société imprime sur les agriculteurs. « Nous payons pour les années 1980, mais nous ne pratiquons pourtant plus la même agriculture. Nous utilisons encore des intrants, mais beaucoup moins, et toujours en conscience. On nous parle beaucoup du bio, mais on peut également faire du raisonné ». Il aimerait inviter journalistes et sceptiques dans son exploitation, pour leur raconter son métier « difficile, solitaire, incompris », le cœur qu’il faut mettre à l’ouvrage, et les contraintes avec lesquelles il doit jongler chaque jour, qu’elles soient techniques, technologiques, administratives ou météorologiques – « la météo, c’est mon boss ». D’ailleurs, il vient tout juste de planter son lin, alors il « croise les doigts pour qu’il pleuve ». La tête en l’air et les pieds bien sur terre.