Métiers de bouche

Marije Oomes

Métier : Propriétaire du restaurant "Le Centre"
Localisation : Saint Nazaire (44)

Depuis 20 ans, Marije Oomes et son mari tiennent le café-concert Le Centre, à deux pas de la plage de Monsieur Hulot. Un lieu de vie où bonne ambiance rime avec conscience.

Ce « beau bâtiment », Marije Oomes le connaît depuis son enfance : « C’était déjà un café, avec ses habitués accoudés au comptoir, devant leurs petits ballons de rouges ». Née à Saint-Nazaire, cette fille d’expatriés hollandais a grandi dans le bourg de Saint-Marc-sur-Mer jusqu’à ses 8 ans, avant de quitter la France pour les Pays-Bas. Très vite, pour celle qui « n’aime pas vraiment les études », le milieu du service et de la restauration apparaît comme une échappatoire idéale : « C’est un métier où il faut être vif, logique, organisé, il y a beaucoup de défis et de réflexions à mener ».

Marije, Eva Vidal et Jonas Martin

Après quelques années de travail en Hollande, à 25 ans, Marije Oomes a envie de reprendre la route et de tenir son propre lieu. Alors, direction la Crète. Son mari musicien embarque dans l’aventure et ils reprennent tous les deux un petit bar. Mais, 5 ans plus tard, la voilà qui songe encore à de nouveaux horizons. Cette fois-ci, cap sur la France et retour aux sources, sur le terreau de son enfance, pour reprendre le café du Centre, « un grand challenge » qui l’anime depuis maintenant 20 ans.

« On a changé beaucoup de choses, mais tout doucement, il ne fallait pas bousculer les gens ». Petit à petit, des concerts sont venus égayer les murs, le choix de bières s’est affiné, le restaurant s’est paré de saveurs asiatiques. « Avant, c’était onglets-frites et salade auvergnate. Mais, j’avais un jeune cuistot passionné par la cuisine asiatique. Alors, je lui ai payé un billet d’avion pour qu’il voyage et se forme, et on a développé ça. D’abord par petites touches, puis de façon très authentique. » Quand ça pique, ça pique, mais Marije Oomes aime bien aller au bout des choses. Pour elle, tenir un lieu, c’est avant tout créer « un petit monde qui tient la route ». Les conditions de travail de ses employés sont à l’image de l’ambiance qui règne dans son bar : chaleureuses et respectueuses. « Quand tu gères ton propre lieu, après avoir travaillé dans d’autres, tu veux faire les choses bien ». Une ligne de conduite qui l’a poussé, il y a plusieurs années, à revoir d’autres bases, pour proposer des produits toujours plus locaux et de meilleure qualité.

De nombreux fournisseurs du coin viennent ainsi ravitailler le café du Centre, où les légumes s’accordent toujours à la saison, où l’huile de palme est proscrite – comme les produits industriels -, et où les volailles sont Bleu-Blanc-Cœur. « J’aime le côté certifié de la démarche, c’est réel, mesuré, ça me parle. » Si Marije Oomes affirme qu’elle ne sera « jamais végétarienne », il est essentiel pour elle de « manger de la viande de qualité, avec respect ». Travailler en conscience, faire le choix des bons produits et s’engager au cœur d’un système plus raisonné, « ça change également tout pour les cuisiniers, ils sont plus heureux comme ça ». Au Centre, le premier étage est désormais aménagé pour recevoir des réunions de travail, et bientôt le logo Bleu-Blanc-Cœur s’affichera sur le menu du restaurant. « Le rôle du restaurateur, c’est aussi d’apprendre aux gens à mieux manger, en leur montrant que c’est possible. » Face aux aléas qui surviennent parfois ou à cette crise sanitaire qui « accélère les envies de changement », Marije Oomes, qui a fêté ses 50 ans confinée, ne baisse pas les bras. « Comme le colibri, dans la légende racontée par Pierre Rabhi », elle continue à porter sa goutte d’eau, pour mieux faire tourner son monde. Et le nôtre.