Consommateurs

Pierre Christ

Métier : Consommateur
Localisation : Plaisir (78)
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Engagé au sein de Bleu-Blanc-Cœur, cet ancien formateur en sûreté nucléaire profite de sa retraite pour faire bouger les lignes de l’agroalimentaire.

« J’ai commencé ma carrière dans un accélérateur de particule, je l’ai poursuivie dans un réacteur de recherche, et j’ai terminé formateur. » À 62 ans, Pierre Christ a récemment raccroché sa casquette de spécialiste en sûreté nucléaire pour adopter celle du consommateur éclairé. De ces nombreuses années passées à étudier les raisonnements humains et les aspects techniques pour construire une démarche intellectuelle capable de prévenir au mieux les risques, il a gardé un sens développé de l’anticipation et de l’analyse.

« Il faut savoir réfléchir avec des outils spécifiques, afin de prévenir les problèmes avant même qu’ils ne surviennent. C’est un raisonnement qui vaut aussi pour l’alimentation. » Alors aujourd’hui, quand il arpente les supermarchés avec sa compagne, ils prennent tous les deux le temps de choisir consciencieusement leurs produits, de lire les étiquettes et d’observer les comportements autour d’eux. « Les scandales alimentaires à répétition, ça interpelle. Alors, nous sommes plus méfiants et attentifs. »

Cette prise de conscience, survenue progressivement, il y a une quinzaine d’années, trouve sa source dans ses souvenirs d’enfance. « Ma mère faisait tout elle-même. À la maison, on ne mangeait que du frais. » Alors, armé du « goût des vraies bonnes choses » et de son œil affûté, c’est au quotidien que Pierre Christ s’engage pour défendre un mode de consommation plus conscient et responsable. Membre du comité scientifique d’OpenAgriFood, une organisation de réflexion sur la consommation, du Club des consommateurs engagés de Carrefour, qui pointe les disfonctionnements du géant de la distribution « parfois, c’est complètement aberrant », sociétaire de C’est qui le patron « l’idée m’a tout de suite plu », il est également membre de Bleu-Blanc-Cœur. « Tout a pourtant commencé il y a deux ans avec un paquet de jambon ». C’est en effet en voyant le logo Bleu-Blanc-Cœur disparaitre de l’emballage de son jambon préféré qu’il va entrer en contact avec l’association. Pierre Christ est en croisade pour comprendre les dessous de cette affaire, alors devant sa détermination, Bleu-Blanc-Cœur lui propose de rejoindre sa communauté de consommateurs.

« Je suis direct, j’aime comprendre et apprendre, quitte à bousculer certains codes ». Convaincu qu’un grand ménage s’impose dans le secteur agroalimentaire, il pointe les jeux politiques et l’appât du gain qui motivent selon lui encore trop d’acteurs de ce système. « C’est difficile de se faire une place dans un milieu où personne ne se fait de cadeau. J’aimerais que Bleu-Blanc-Cœur soit mieux connu et reconnu du public, mais aussi des médias, comme les principales revues de défense des consommateurs. » Si c’est justement du point de vue du consommateur qu’il se place, il n’en est pas moins sensible aux conditions de travail des éleveurs. De ses rencontres « avec des gens incroyables, comme Jean-Pierre Pasquet » au choc éprouvé devant le film ‘Au nom de la Terre’, il garde à l’esprit la nécessité que « les paysans soient payés au juste prix de leur travail, qu’ils vivent décemment ».

« Plus réaliste qu’optimiste », Pierre Christ s’inquiète pour demain. Pour les contraintes économiques qui empêchent les uns d’accéder aux « bons produits », et pour les sirènes du marketing qui enchaînent les autres à leurs habitudes – « beaucoup achètent par automatisme, sans réfléchir ». Mais l’espoir est permis, à condition, selon lui, de sensibiliser les prochaines générations à ces problèmes de civilisation, en réfléchissant par exemple à « des cours d’éducation à la nutrition dès le plus jeune âge ». Une façon d’œuvrer en amont, pour une meilleure sûreté alimentaire.